Ayez mémoire et souvenance,
très douce Vierge,
que vous êtes ma Mère
et que je suis votre enfant...
que vous êtes très-puissante
et que je suis un pauvre petit être
vil et faible.
Je vous supplie,
ma très-douce Mère
de me gouverner
et de me défendre
dans toutes mes voies
et dans toutes mes actions.
Ne me dites pas,
gracieuse Vierge,
que vous ne pouvez,
car votre bien-aimé Fils
vous a donné tout puissance!
Ne me dites pas que vous ne devez:
car vous êtes la commune Mère
de tous les pauvres humains,
et singulièrement la mienne.
Si vous ne pouviez,
je vous excuserais, disant:
il est brai qu'elle est ma Mère
et me chérit comme son fils,
mais la pauvrette manque d'avoir
et de pourvoir!
Si vous n'étiez ma Mère,
avec raison je patienterais,
disant: Elle est bien riche pour m'assister;
mais, hélas! n'étant pas ma Mère,
elle ne m'aime pas.
Puis donc, ô très-douce Vierge,
que vous êtes ma Mère
et que vous êtes puissante,
comment vous excuserai-je
si vous ne me soulagez
et ne me prêtez votre secours
et votre assistance?
Vous voyez, ma Mère,
que vous êtes contrainte d'acquiescer
à toutes mes demandes.
Pour l'honneur et la gloire
de votre Fils,
acceptez-moi comme votre enfant,
sans avoir égard à mes misères
et à mes péchés.
Délivrez-mon âme
et mon corps de tout mal,
et me donnez toutes vos vertus...
surtout l'humilité!
Enfin, faites-moi présent
de tous les dons,
biens et grâces qui plaisent
à la sainte Trinité,
Père Fils et Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.